Les Hérésies du Ier du II ème du III ème et du IV ème siècle ❎ . L’Église catholique définit les hérésies ces termes : « L’hérésie est la négation obstinée, après la réception du Baptême, d’une vérité qui doit être crue de foi divine et catholique, ou le doute obstiné sur cette vérité. »
Simon le magicien père de toutes les hérésies
Les chercheurs et historiens se sont accordés sur le fait que Simon le magicien soit le précurseur en matière d'hérésie. Selon Eusèbe de Césarée, saint Irénée, et Basilide c'est le père des hérésies ! Simon fut accusé de simonie, débauche, gnosticisme et sorcellerie. Nous ne connaissons presque rien de ce personnage à part une courte description dans le livre des 'Actes des Apôtres' ainsi que dans certains écrits apocryphes ( Actes de Pierre, homélies pseudo-clémentines ). Pierre viendra à bout de Simon au terme d'une démonstration publique de Thaumaturgie et, ce, en présence d'une foule considérable et du sénat Romain. Les deux hommes se livrèrent un combat par prodiges interposés, mais c'est Pierre qui aura le dernier mot par ses prières qui précipitèrent Simon sur le sol alors que ce dernier était en lévitation ! La foule impitoyable lapida Simon le magicien.
Juifs Chrétiens, Nazôréens, Ebionites, Elkasaïtes
L’histoire de la Chrétienté est restée longtemps le domaine réservé des ecclésiastiques qui assimilaient l'histoire de l'humanité à celle de la religion définie par les Chrétiens Catholiques puis Romains. L'œuvre
d'Eusèbe de Césarée, le « Père » de l'Histoire ecclésiastique au IV ème siècle en est une illustration parmi beaucoup d’autres. Puis la Chrétienté se substitue à l’Empire romain, l’accent est mis sur la « le renouveau religieux » instituant une rupture avec le Judaïsme.
Le véritable Israël se substitue à l’ancien Israël.
Rappel historique :
Nous sommes donc au jour de la mort de Jésus sur la croix, vraisemblablement le vendredi 03 Avril 33 de notre ère ( calendrier Julien ). C’est la débandade des disciples terrorisés : « tous l’abandonnèrent et s’enfuirent », précise Matthieu ( 26, 56). Le crucifié du Golgotha restait en la seule compagnie de sa mère, de Jean et de quelques femmes. À la veille d’un chabbat, on procéda dans les plus brefs délais à l’inhumation, car la ville sainte ne devait pas être polluée par des cadavres sans sépulture. Montés à Jérusalem pour la célébration de la Pâque, disciples et parents de Jésus durent regagner leur Galilée, fort perturbés : « Nous espérions qu’il était celui qui allait délivrer Israël » (Luc 24, 21). Pierre qui avait charge de famille et André son frère, les fils de Zébédée retrouvèrent leurs filets, Matthieu son bureau des impôts etc… Et c’est donc en Galilée que les Évangiles situent nombre des rencontres entre Jésus « ressuscité » et ses disciples. Ces apparitions sont les éléments fondateur de la nouvelle religion, elles figurent toutes dans le nouveau testament dans la première épître de Paul aux Corinthiens (1Co 15, 1-11). Puis disciples et parents de Jésus reviennent à Jérusalem. La grande question que nous sommes en droit de nous poser est : qu’est-ce qui a poussé les compagnons de Jésus à se regrouper de nouveau avec Marie sa mère et avec ses frères ? Jérusalem, une ville qu’ils connaissent mal, et très hostile à Jésus, eux-mêmes inquiets pour leur vie. Cette question reste sans réponse. La tradition fixe sur le Mont Sion au sud de la ville l'endroit où ils se regroupaient pour la prière, sans pour autant oublier de fréquenter le Temple (Ac 2, 46). Peut-être parce que ceux qui attendaient la restauration du royaume d’Israël (Ac 1, 6 - Lc 24, 21) ne pouvait envisager qu'un retour imminent dans la ville ou il était décédé. Ce groupe s’est structuré autour de Pierre, Jacques le frère du Seigneur et Jean, ils furent une douzaine de membres actifs dans cette communauté à attendre le retour du Christ. Au sein de cette communauté qui enseigne et prie (Ac 2, 42), sans pour autant rompre avec le culte du Temple (Ac 1, 46 ; 3,1) règne une certaine discorde. Cette communauté présente une forte coloration eschatologique : elle attend les derniers jours, et le retour du Christ. A plusieurs reprises dans les Évangiles et dans les Actes des Apôtres le terme de nazaréen est utilisé pour caractériser Jésus le nazaréen ou Jésus de Nazareth (Ac 2, 22 ; 6, 14 ; 22, 8 ; 29, 6 ; Mc 2,23 ; 26,71 ; Lc 18,17 ; Jn 18, 5, 7 ; 19,19, etc). Un texte rapporte que Paul comparaissant devant le procurateur romain Félix, Tertullus avocat du Sanhédrin, formule ainsi son accusation à l’encontre de Paul : « Nous avons découvert que cet homme était une peste, qu’il provoquait des émeutes parmi tous les Juifs du monde et que c’était l’un des chefs de la secte des Nazaréens (Ac 24, 5), ce que Paul reconnaît lui-même peu après : Je suis au service du Dieu de nos Pères, selon la Voie qu’eux qualifient de secte » (Ac 24, 24). Plus tard, des narrateurs chrétiens nous affirmeront que ce terme de nazaréen ou nazoréen a constitué la plus ancienne dénomination des disciples de Jésus. Eusèbe écrit : « Nazareth. Sur la base de ce nom, le Christ fut appelé nazaréen et nous qui sommes présentement dénommés chrétiens avons reçu dans le passé le nom de nazaréen. Épiphane de Salamine confirmera : Tous les chrétiens étaient autrefois appelés nazoréens. L’étymologie de nazaréen ou nazoréen aujourd’hui n'est pas figée. Pour certains, il constituerait une dérivation du mot hébreu nazir qui veut dire ascète : comme Jean le Baptiste. Pour d’autres, il viendrait d’une racine hébraïque et voudrait dire observant scrupuleux. Chez les disciples, on aurait procédé à une réinterprétation symbolique du terme à la lecture d’un verset du prophète Isaïe: « Un rejeton sortira de la souche de Jessé » (le Père du roi David), un surgeon (netzer en hébreu) de ses racines (Is 11, 1). De cette façon aurait été « justifiée » a posteriori la qualité messianique de Jésus dont les disciples seraient alors des messianistes, des Juifs radicaux qui croyaient que Jésus était le Messie attendu pour restaurer le royaume d’Israël (Ac 1, 6). La dénomination nazaréen n’a pas retenu particulièrement l’attention des chercheurs. Depuis l'âge d'or des nouvelles interprétations religieuses, dès 1830, on a pris l’habitude d'utiliser le terme de judéo-Chrétiens. À leur époque, les Notzrim/Nazaréens ne se sont pas demandés s'ils étaient ou non Juifs. C'est pourquoi, ainsi que le souligne avec pertinence J. Taylor la dénomination « judéo-chrétien », est particulièrement inappropriée voire perverse.
De nos jours ce terme recouvre :
• un Chrétien d'ascendance juive - sens ethnographique
• un membre de la communauté primitive de Jérusalem - point de vue chronologique et géographique
• un Chrétien de culture juive réfléchissant ses convictions en fonctide ses propres référents culturels ataviques, sémitiques aussi bien qu'hellénistiques - point de vue culturel
• un Chrétien cherchant à allier un Judaïsme de stricte observance à sa fidélité à Jésus messie, mais non fils de Dieu – ébionites et autres sectes apparentées – sens doctrinal.
Par ailleurs, le concept de nazaréen a manifestement connu une
évolution et il paraît anachronique d’utiliser les textes d’Eusèbe ou d’Épiphane qui datent du IVe siècle pour parler des disciples de la communauté primitive. Récusant le terme judéo-chrétien, nous privilégions le concept nazaréen pour désigner une entité propre :
• qui se différencie au sein du Judaïsme des débuts de notre ère comme un courant, une secte parmi d'autres
• qui se distingue du Christianisme paulinien ou d'expression hellénistique :
– par son enracinement juif et son interprétation de l'Écriture.
– par sa pratique des préceptes de la Torah, ce qui leur vaudra la dénomination de « judaïsants » de la part des Chrétiens de culture hellénistique.
– par sa façon de penser et de s'exprimer plus fonctionnelle que spéculative, plus historique que métaphysique.
– par sa conscience de constituer le Verus Israël, l’Israël authentique de l’ère eschatologique, comme la communauté essénienne prétendait déjà l’être.
Le terme d’hellène se définie plus facilement, il désigne après les conquêtes d’Alexandre tous ceux qui, dans le bassin oriental de la Méditerranée, sont détenteurs d’une culture propre à telle ou telle région plus ou moins teintée de culture grecque et qui s’expriment dans leurs rapports avec les autres peuples dans un grec abâtardi que l’on appelle la koinè. Au début de notre ère en Palestine, le grec est pratiqué par différentes catégories de personnes. En premier lieu, par les non Juifs, habitants de Cités comme Césarée la capitale provinciale, ou les cités de la Décapole autour du lac de Tibériade et en Transjordanie. Ensuite, par des Juifs venus de la diaspora pour un temps, ou revenus s’installer en Palestine après un séjour en diaspora. Enfin, par une certaine élite politique autour des Hérodes, ou par des intellectuels. Il est toutefois à souligner que Josèphe a composé une grande partie de son œuvre dans sa langue maternelle, l’hébreu, et qu’elle fut traduite rapidement en grec à l’intention de ses lecteurs non-Juifs. Paul est un autre exemple qui ne dut pas être un cas d’exception, capable de s’exprimer en hébreu pour la liturgie ou l’étude, en araméen pour s’adresser à ses compatriotes (Ac 21, 40), en grec enfin (Ac 21, 37).
Que sont devenus les Nazaréens ?
Groupe religieux judéo-chrétien marginal, à partir de la seconde moitié du II ème siècle, par les écrits d'Irénée. Plusieurs hérésiologues chrétiens, dont Épiphane de Salamine, continuent à y faire référence jusqu'au V ème siècle, sans les avoir connu. Pour une partie des chercheurs, il s'agit du même groupe que les nazôréens du IV ème siècle décrits par Épiphane bien que ce point soit contesté par Simon Claude Mimouni. Contrairement aux nazôréens, qui croient en la divinité de Jésus de Nazareth, les ébionites embrassent une christologie de type adoptianiste : pour eux, Jésus est simplement un homme qui, en raison de son observance de la Torah, a été choisi par Dieu pour être le dernier et véritable prophète qui annonce le Royaume de Dieu. Des découvertes archéologiques semblent confirmer les écrits des Pères de l'Église qui au ive siècle situent des ébionites en plusieurs endroits de Transjordanie. Ils disparaissent de cette région au cours du V ème siècle, victimes des persécutions du pouvoir romain.
Les elkasaïtes, elcésaïtes ou elcésaïens
Membres d'une secte religieuse judéo-chrétienne baptiste et syncrétique de tendance gnostique, relevant aussi bien du judaïsme que du christianisme. Ce nom vient de leur fondateur, nommé « Êlkhasaí » (Ἠλχασαΐ) par Hippolyte, « Elksai » (Ἠλξαί) par Épiphane, et « Elkesai » (Ἐλκεσαΐ) par Eusèbe et Théodoret. Il s'agit apparemment d'un mouvement de chrétiens d'origine juive qui a émergé au II ème siècle et a disparu au X ème siècle. Ses origines sont très controversées. Le mouvement est d'abord signalé en Mésopotamie, avant que certains Pères de l'Église ne dénoncent l'action de missionnaires elkasaïtes dans l'Empire romain au début du III ème siècle. À la même époque, des groupes d'elkasaïtes existent dans l'Empire perse puis, au IV ème siècle, sous l'appellation d'« osséens » ou de « sampséens », en Palestine au-delà du Jourdain, en Nabatée, en Iturée, en Moabitide, en Ariélitide et en Pérée, sur les territoires à l'est de la mer Morte. La secte revendique son nom du personnage portant le nom d'« Elkasaï », dont l'historicité fait encore débat de nos jours et dont nous connaissons de multiples graphies, notamment chez les hérésiologues chrétiens écrivant en grec. La légende du livre d'Elkasaï (ou Apocalypse d'Elkasaï), aujourd'hui disparu, n'est connue que par les hérésiologues qui la transmettent oralement : pour les disciples d'Elkasaï, ce livre était descendu du ciel. Certains auteurs croient retrouver des passages de ce livre dans la « Vita Mani », livre de référence du Manichéisme. Elkasaï pourrait initialement avoir été un nazôréen-ébionite qui, en effectuant une prédication au sein des « osséens », aurait formé un nouveau mouvement se désignant sous le nom de « sampséens », mais que les auteurs chrétiens désignent sous le nom d'« elkasaïtes ». L'elkasaïsme donnera plus tard naissance au Manichéisme.
Les ébionites (grec : Ἐβιωναῖοι, tr. Ebionaioi ; dérivé de l'hébreu אביונים ebyonim : « pauvres »)
Factuellement.
Les Nazaréens, comme tous les Juifs, n’ont plus le droit de résider à Jérusalem dès 135, suite à un décret d’Hadrien. Comme les maîtres juifs, les Nazaréens se replient à cette époque sur la Galilée ou sur le plateau du Golan, ainsi que l’atteste l’archéologie, en Syrie, en Asie mineure, en Mésopotamie ou dans les territoires de Transjordanie.
Rejetés et par le Judaïsme rabbinique et par les Chrétien devenu largement majoritaire et considérés comme judaïsants, les Nazaréens se sont isolés rapidement
dans une sorte de no man’s land. Le renouveau de l’empire perse néosassanide vers 220 et la reprise de l’affrontement entre la Perse et Rome a engendré de nouvelles causes de divergences entre
disciples de culture sémitique et disciples de culture hellénique.
Pour certains historiens modernes, les Nazaréens ont disparu lors de la première révolte juive contre Rome (66-72) ou au cours de la seconde (132-135).
Pour d’autres, le judéo-Christianisme a fini misérablement. Litzman par exemple affirme qu’il s’est éteint silencieusement dans l'indiférence générale.
Mais, pour une grande partie des historiens le courant nazaréen a perduré en se transformant, comme peuvent en témoigner, quelques traces précises :
- les écrits de Tatien le Syrien, Bardessane ou Ephrem le Syrien, font référence à des spéculations qui furent ignorées ou rejetées par le courant majoritaire d’expression hellénistique.
- les Elkasaïtes et certains nazaréens au IV ème siècle furent qualifiés d'« hétérodoxes », c’est-à-dire non conformes à la doctrine de la majorité.
- des traditions liturgiques particulières comme la pratique quarto-décimane de Pâques, en phase avec la pratique juive, qui sera encore condamnée au IV ème siècle.
- de nos jours les liturgies des communautés jacobites d’Irak par exemple se revendiquent de la communauté primitive.
- des traductions dans des langues vernaculaires d’écrits qui proviendraient de la tradition orale reçue des disciples de Jésus.
Les Marcionites
Armateur fortuné, il se rend à Rome vers 140 où il se distingue par ses prodigalités au sein de la communauté chrétienne alors dirigée par l'épiscope Pie. Se fondant uniquement sur l’Écriture, il développe sa doctrine qui rompt avec la tradition juive : du contraste absolu qu'il décèle entre la Loi juive et l'Évangile, il conclut à l'existence de deux principes divins — Dieu de colère de la Bible hébraïque et Dieu d'amour de l'Évangile — dont celui des textes chrétiens est le Dieu suprême. Celui-ci est le père de Jésus-Christ qui est venu pour abroger la Bible hébraïque et le culte de son démiurge. Pour Marcion, Jésus n'est pas le messie attendu par les Juifs, ni né de la Vierge Marie : il est apparu pour la rédemption d l'humanité à la quinzième année du règne de Tibère sans avoir connu ni naissance ni croissance. En rupture totale avec chrétienté de Rome, il fonde sa propre Église à l'organisation solide et concurrente, ce qui lui vaut d'être considéré par la suite comme l'un des premiers hérésiarques par les auteurs de la « Grande Église ». Le marcionisme se développe essentiellement en Orient, en Mésopotamie et en Perse mais aussi en Occident et non sans connaître des dissidences. Persécutées au cours du ive siècle, les communautés marcionites disparaissent définitivement au cours du ve siècle.
Textes de la doctrine Marcioniste
Les textes de Marcion sont perdus et les éléments concernant sa vie sont connus exclusivement par les écrits de ses adversaires : Justin de Naplouse dans sa Grande Apologie et de manière indirecte dans Syntagma contre les hérésies — œuvre aujourd'hui perdue, à travers les citations qu'en font Irénée de Lyon. et Eusèbe de Césarée. Irénée consacre encore à Marcion une notice particulière et s'y réfère dans de multiples allusions polémiques. La source essentielle sur Marcion reste Tertullien. On a conservé une édition de son Contre Marcion, datée d'environ 210, où il combat la théologie de Marcion et discute du canon d'Écritures marcionite ou encore de nombreux textes des Antithèses : ces polémiques ont permis leur reconstitution, parcellaire et fragile, grâce notamment aux travaux d'Adolf von Harnack. Il existe également d'autres mentions de Marcion et de sa théologie dans les Stromates de Clément d'Alexandrie, dans l’Elenchos du pseudo Hippolyte de Rome ou encore dans le Panarion d'Épiphane de Salamine qui cite des passages du texte marcionite. Plus tard, plusieurs auteurs s'attachent à critiquer les développements ultérieurs du marcionisme : Adamantius dans son Dialogue sur la foi correcte, Éphrem le Syrien dans la Réfutation en prose de Bardesane, Mani et Marcion et enfin Eznik de Kolb dans Sur Dieu.
L'attraction exercée par sa doctrine sont relativement brefs en Occident, par contre, ils sont nettement plus durables en Orient, où les marcionites sont encore fort présents au cours du V ème siècle. Ce n'est qu'à la suite des persécutions Romaines recherchant à tout prix l'unité religieuse de l'empire via l'orthodoxie chrétienne, qu'ils disparaissent en s'intègrant à la l'Église.
La diffusion de la doctrine en Orient est attestée par le fait que l'historien perse des religions al-Shahrastani, au XII ème siècle, lui consacre un développement dans son Kitāb al–Milal wa al-Nihal (« Livre des religions et des sectes»). Le théologien musulman Abd al-Jabbar, dans son Kitāb al-Uṣūl al-khamsah, réfute le marcionisme au nom du monothéisme. Les deux auteurs voient la théorie de Marcion comme une forme de dualisme auquel un troisième élément a été ajouté : lumières et ténèbres sont les deux principes dont le mélange est rendu possible par un troisième.
Au XX ème siècle, cette doctrine est récupéré par les idéologues nazis.
Le Montanisme
Le montanisme est un mouvement chrétien hétérodoxe du II ème siècle fondé par Montanus en Phrygie, région de la Turquie actuelle. Il subsistera quelques traces de cette doctrine au V ème siècle. Ce mouvement spontané, tout d'abord indistinct de l’Église d’Ignace d'Antioche, fut ensuite considéré comme hérétique par celle-ci. Ce mouvement, qui se réclamait spécialement de l'Évangile selon Jean, est contemporain du marcionisme. Montanus serait né à Ardabau, un village de Phrygie (Turquie moderne) au II ème siècle après Jésus Christ, vers 160. Chrétien charismatique il s'attacha à deux sœurs, Priscilla (ou Prisca ou Quintilla) et Maximilla. Plutôt que fondateur d'un mouvement religieux chrétien, il propagea un christianisme que ses contemporains nommaient hérésie phrygienne, hérésie cataphrygienne ou encore hérésie pépusienne. Ancien prêtre des idoles (probablement du culte de Cybèle) converti au christianisme, rien ne nous permet de dire qu'il organisa un système ecclésiastique.
Le montanisme apparait au moment où l'Église se structure. Ces chrétiens rejetaient le clergé et toute hiérarchie, pour mieux exalter le martyre. Le mouvement fondait aussi son système de croyance sur la promesse de Jésus à ses disciples de leur envoyer, après sa mort, le Paraclet, l'Esprit de vérité, qui devait les conduire en toute vérité et demeurer éternellement avec eux pour leur enseigner les choses qu'ils n'avaient pu comprendre auparavant dans leurs vies. Montanus se présenta donc comme l'organe du Paraclet. Il ne prétendait pas être le Paraclet lui-même, mais un médium humain en extase prophétique. Les paroles qu'il proférait étaient non les siennes, mais celles du Paraclet. Ainsi, dans un fragment conservé par Épiphane (au IV ème siècle), et qui lui a été attribué, il déclare : « Je suis venu non comme un ange ou un ambassadeur, mais comme Dieu le Père.
Déclarés hérétiques (peut-être par Éleuthère), le baptême donné par eux fut tenu pour nul. On les accusa même de sacrifier des enfants et d'en partager la chair dans leurs mystères. Les montanistes restèrent donc officiellement réprouvés, quoique sur les points essentiels, ils fussent en communauté de foi avec l'Église. Montanus ne semble pas avoir survécu longtemps à l'œuvre qu'il avait créé. Des récits disent qu'il s'est pendu comme Judas, de même que son épouse Maximilla. Ayant d'abord survécu à sa sœur Priscilla, elle croyait être la dernière prophétesse, la fin du monde devant survenir après elle. Toutes deux furent traitées par saint Jérôme de folles démoniaques. En fait, après la disparition de ces deux femmes, le montanisme aurait pu se « normaliser » et reprendre sa place dans l'Église. Mais il se serait agi alors d'un culte nettement défiguré par rapport à son origine, ce qui n'était pas le souhait du reste de ses membres. Devenue une secte isolée, le montanisme connut son apogée dans la Carthage du III ème siècle, où il fut soutenu par le théologien latin Tertullien. Cependant, au VI ème siècle, le montanisme aurait, dans les faits, totalement disparu, sauf quelques communautés à Pépouza, sommées par Justinien de rejoindre l'orthodoxie. Elles furent l'objet d'une expédition militaire menée par Jean d'Éphèse qui fit détruire ce foyer hérétique ainsi que les tombes de Montanus et de ses prophétesses Maximilla et Priscilla.
Cependant, une secte toujours appelée « Montaniste » apparut au VIII ème siècle, l'empereur Léon III ordonna la conversion et le baptême de ses membres. Ces montanistes refusèrent, s'enfermèrent dans leurs lieux de culte, incendièrent les bâtiments et périrent.
Le Manichéisme
Le manichéisme est une religion fondée par Mani au III ème siècle.
C'est un syncrétisme du judaïsme, du bouddhisme, du brahmanisme et du christianisme, rejetant le zoroastrisme la religion de l'empire perse. Le manichéisme a pour fondement une séparation du monde entre royaume de la Lumière et royaume des Ténèbres. Par déformation et simplification de cette croyance, on qualifie aujourd'hui de manichéenne une pensée ou une action sans nuances, voire simpliste, où le Bien et le Mal sont clairement séparés.
Le manichéisme s'introduisit dans l'Empire romain, d'abord en Égypte puis en Afrique, il fit l'objet d'un décret de persécution en 297, en raison de sa popularité, opposée au culte romain traditionnel, et de son origine perse ennemis des Romains. Les décrets de tolérance religieuse de 311 et 313 (édit de Milan), principalement énoncés pour arrêter la persécution contre tous les chrétiens, mirent fin à cette période de persécution. À la même époque, le manichéisme se répandit également dans la péninsule arabique. Les Ouïghours du Khaghanat de l'Orkhon (744-840), protecteurs de la Chine des Tang à la suite de la rébellion d'An Lushan qui s'acheva en 762, se convertirent au manichéisme à l'exemple de leur qaghan Bögü, et leur religion s'épanouit dans ce qui est la Mongolie moderne et le bassin du Tarim jusque vers la fin du Ier millénaire. La dernière branche de cette religion semble s'éteindre au XIV ème siècle en Chine.
Doctrine
Un des fondements du manichéisme est de séparer le monde en deux :
le royaume de la Lumière, le royaume de la Vie divine, où s'exprime ce qui est de l'éternité
le royaume des Ténèbres, le royaume de la matière, le royaume des « morts », où s'exprime ce qui est de l'espace/temps
Selon le manichéisme, la Lumière et les Ténèbres coexistaient sans jamais se mêler. Mais à la suite d'un événement catastrophique, les Ténèbres envahirent la Lumière. De ce conflit est né l'homme (naturel), son esprit appartient au royaume de la Lumière et son corps appartient au royaume des Ténèbres, transformant la mort non plus en destruction mais en élévation suprême : la libération de l'esprit.
Selon le manichéisme, l'homme naturel est donc double il possède :
un esprit appartenant au royaume de la Lumière — c'est la partie immortelle de l'humain
un corps appartenant au royaume des Ténèbres — c'est la partie mortelle de l'humain
Si le manichéen provoque une rupture entre son esprit et son corps, il peut espèrer accéder au royaume de la Lumière et fondre sa particule lumineuse aux autres en un immense « karma » (Mani a été fortement influencé par diverses religions préexistantes à la sienne comme le bouddhisme. D'autre part le manichéisme est issu d'une communauté elkasaïte, elle-même produit d'une fusion entre des « osséens » et des Nazôréens de la région de Mésène). Sinon, il renaîtra en un autre corps et devra continuer son cheminement jusqu’à ce que la dissociation soit faite.
Réflexion
Cette doctrine en rappelle une autre qui verra le jour huit siècles plus tard en Bulgarie en Italie et en France : le Catharisme.