❃ Les grands personnages : Aliénor d'Aquitaine, une femme hors du commun, reine de France puis reine d'Angleterre

Alienor d'Aquitaine reine de deux royaumes, une femme hors du commun et d'une rare beauté, intelligente, courageuse et ambitieuse mais également une mère totalement dévouée à ses enfants.


Les Anglais, nos plus fidèles ennemis.

Henri II, devient roi d'Angleterre en 1154 après avoir épousé Aliénor d'Aquitaine, et contrôle progressivement plus du tiers de la France.
La Normandie : bien qu'arrière petit-fils de Guillaume le Conquérant ( qui était duc de Normandie ), Henri II devra guerroyer pour s'emparer du duché.
L'Anjou et le Maine : par héritage de son père qui était comte de ces territoires.
L'Aquitaine : par son mariage avec Aliénor d'Aquitaine en 1152 ( qui deviendra reine d'Angleterre après son tumultueux divorce avec Louis VII ).
La Bretagne : par le mariage d'un de ses fils avec l'héritière du duché de Bretagne.
Henri II règne sur un territoire qui s'étend de l'Ecosse aux Pyrénées, comprenant Angleterre, Anjou, Maine, Normandie, Aquitaine et Bretagne. Il est donc évident que cette situation hégémonique sera la source d'un conflit chronique entre Louis VII et Henri II, qui reste le vassal du roi de France ! Mais malgré la disproportion entre les deux royaumes et la maladresse de Louis VII, la situation ne va pas basculer en faveur des anglais : Le despotisme d'Henri II va fournir des alliés à Louis VII, parmi lesquels on peut citer les seigneurs bretons ou aquitains ( pourquoi ces seigneurs obéiraient à un roi qui oublie son droit féodal à l'égard de Louis VII ? ) Ce dernier va débaucher certains vassaux du roi d'Angleterre en se positionnant comme un allié et ces révoltes des grands vassaux vont "craqueler" l'empire angevin. Le clergé va prendre position pour Louis VII, en signe de sa dévotion et des liens étroits entre l'épiscopat et la royauté capétienne. L'assassinat de Thomas Becket, archevêque de Canterbury, par des disciples d'Henri II en 1170 va encore mettre en lumière le despotisme et la brutalité du roi d'Angleterre, sévèrement jugé par l'Eglise Catholique. Les fils d'Henri II vont s'opposer à leur père en exigeant des territoires, situation dans laquelle Louis VII n'hésite pas à se présenter comme un protecteur en les accueillant à sa cour ! Ainsi, après avoir commis de nombreuses fautes, Louis VII est parvenu à sauver son royaume en contenant les Plantagenêts après des affrontements militaires mineurs mais surtout une guerre "diplomatique", le Pape va obtenir la réconciliation des deux monarques à Nonencourt en 1177. Toutefois ce conflit se poursuivra avec le fils de Louis VII ( Philippe Auguste ) et celui d'Henri II ( Richard Coeur de Lion puis Jean sans Terre ), pour devenir le conflit que tout le monde connait sous le vocable de "guerre de Cent ans" en 1328. Le meilleur service que Louis VII rendra au royaume sera d'avoir enfin un fils après 27 ans de mariage et 3 femmes : son successeur et héritier, Philippe Auguste, sera en effet l'un des plus grands monarques de l'histoire de France.


Aliénor d'Aquitaine reine de deux royaumes

Aliénor d'Aquitaine

Aliénor d'Aquitaine une femme hors du commun

D'une exceptionnelle beauté, inspiratrice des poètes et véritable bête politique, la vie d’Aliénor d’Aquitaine est fascinante. Dotée d'une santé de fer, nous ne pouvons qu'être admiratif de sa résistance exceptionnelle face aux épreuves de son temps. Héritière d’un riche duché, Reine de France à quinze ans par son union avec Louis VII en 1137, Reine d’Angleterre aux côtés d’Henri II Plantagenêt en 1154, Aliénor eut une vie particulièrement mouvementée, semée d’embuches, et s’éteignit à un âge canonique pour l’époque : plus de 80 ans. Elle donna naissance à dix enfants, dont neuf atteignirent l’âge adulte, à une époque où les femmes mouraient souvent en couches et où la mortalité infantile faisait des ravages. Elle survécut à huit d’entre eux, mais également à ses deux maris et à sa soeur Pétronille, qui mourut… cinquante ans avant elle.

Aliénor d'Aquitaine Reine de France

Son premier grand voyage, après son mariage avec le Roi de France Louis VII, est celui qu’elle entreprend aux côtés de son époux dans le cadre de la deuxième croisade de 1147 à 1148. Elle n’est pas la seule femme à prendre la route, et elle est d’ailleurs suivie par de nombreuses femmes, qui accompagnent leurs maris, mais tout de même l'exploit reste remarquable au regard de son statut. le périple sera long et dangereux, il le sera moins que la première croisade mais les Musulmans donnèrent du fil à retordre aux Chrétiens. Cette croisade, se soldera par un échec, de Constantinople à Antioche, la route de la Terre sainte était jalonnée de cadavres, chevaliers ou serfs, Aliénor résistera à des journées de marche et de cheval avec la faim, la soif et les flèches turques pour seules compagnes. La mésentente dans leur couple est de notoriété publique, et, à son retour, elle est résolue à divorcer de Louis VII. Le divorce n’est pas chose aisée à cette époque, surtout lorsque l’on est Reine de France ! Qu’importe, on invoque le prétexte de consanguinité, et l’affaire rondement menée est terminée en mars 1152. Deux mois plus tard Aliénor d’Aquitaine, épouse le fringuant Henri, duc de Normandie, héritier du royaume d’Angleterre, qui possède déjà sur le continent Français la Normandie, l’Anjou et le Maine : Aliénor lui apporte l’Aquitaine.

Aliénor d'Aquitaine Reine d’Angleterre

Une nouvelle vie, brillante, s’ouvre à la Reine. Elle partage alors son temps entre l’Angleterre, la Normandie et ses terres d’Aquitaine, traversant la Manche dans un sens puis dans l’autre, infatigable, visitant les terres de son époux et les siennes, dispensant grâces et faveurs, administrant ses fiefs comme il se doit. Ces voyages perpétuels ne font pas peur à Aliénor : elle les entreprend avec fougue, souvent enceinte ! Car la jeune femme est non seulement Reine d’Angleterre et duchesse d’Aquitaine, mais aussi mère incroyablement féconde. Alors qu’elle n’a donné que deux filles à son premier époux en onze ans de mariage (Alix, future comtesse de Blois, et Marie, future comtesse de Champagne), les grossesses se succèdent avec Henri II : Guillaume en 1153 (qui mourra à l’âge de 3 ans), Henri en 1155, surnommé Henri le Jeune, Mathilde en 1156, Richard en 1157, futur Richard Cœur de Lion, Geoffroy en 1158, Aliénor en 1161, Jeanne en 1165, et enfin Jean en 1166, futur Jean sans terre. D’une santé hors du commun, elle supporte ces multiples grossesses, donnant naissance à son dernier enfant à plus de quarante ans !

Aliénor d'Aquitaine, un tempérament de feu qui le conduira en prison

Lorsque ses deux fils aînés, Henri et Richard, se révoltent contre leur père qui refuse de leur déléguer un peu de son pouvoir, Aliénor d’Aquitaine prend leur parti contre son époux. Il est vrai que depuis qu’Henri affiche ouvertement sa maîtresse, leur couple s’est fracturé. Cette rébellion lui vaut de longues années de captivité en Angleterre : elle est enfermée et déplacée selon le bon vouloir d’Henri II. Elle apprend le décès de son fils ainé Henri, mort en 1183 à l’âge de vingt-huit ans, puis de son fils Geoffroy, mort en 1186. En 1189, Aliénor d’Aquitaine retrouve sa liberté, car son époux Henri II rend son âme à Dieu. Après quinze ans de reléguation dans les geôles d'Angleterre, Aliénor d’Aquitaine revit ! Loin d'être affaiblie par la captivité, à soixante-sept ans, elle se lance dans de nouvelles aventures aux côtés du nouveau Roi, son fils Richard. Elle pense alors qu’elle vit les dernières années de sa vie.

Aliénor d'Aquitaine pour l’amour de son fils

Déjà très âgée pour l’époque, elle entreprend un nouveau voyage, et, lorsque son fils Richard part en croisade en 1190, il s’arrête en Sicile où sa mère, vient le rejoindre pour lui présenter Bérangère de Navarre, sa future épouse. Aliénor retrouve aussi sa fille Jeanne qu’elle n’a pas revue depuis quatorze ans, devenue Reine de Sicile et désormais veuve. Le retour en Angleterre d’Aliénor n’est pas de tout repos. Elle contrecarre les manœuvres de Jean sans Terre, qui souhaiterait s’emparer de la couronne pendant l'absence de son frère. On la voit alors apaiser les querelles, tenir des assemblées, fortifier les châteaux, protéger le royaume de son cher Richard en attendant son retour.

Aliénor d'Aquitaine Pour l’amour de son fils La troisième croisade terminée en 1192 Richard désire regagner l'angleterre au plus vite ( comme il en a l'habitude après chaque bataille ), mais les aléas climatiques l'obligent à changer sa route. il est capturé, alors qu'il est en Autriche, par l'archiduc Léopold qui le remet à l'empereur Henri VI Hohenstaufen, son ennemi juré. Quand Aliénor d’Aquitaine apprend qu'il est le prisonnier de l’Empereur d’Allemagne, elle use de toute son influence pour obtenir la libération de son fils. Finalement, elle se décide à aller le délivrer elle-même des geôles de l’Empereur. Le voyage est long et éprouvant, mais rien ne l’arrête ! Elle revient triomphalement en Angleterre en 1194 avec son fils, qu’elle réconcilie avec Jean sans Terre. Durant les années qui suivent, Aliénor se retire de plus en plus souvent dans sa chère abbaye de Fontevrault. Mais l'histoire une fois de plus la rappelle.

Annus horribilis : 1199

Richard décide un peu plus tard de se vanger d'un de ses vassaux, le vicomte Aimard V de Limoges passé à l'ennemi, et pour ce faire, il assiège son château de Châlus. Sa rancune est telle, contre ceux qui ont profité de son absence à la troisième croisade pour le spolier qu'il sera en tête de toutes les batailles. C'est lors d'une attaque contre ce château qu'il y est mortellement blessé le 25 Mars 1199, le Roi se sachant perdu appelle sa mère auprès de lui, il décédera le 6 avril 1199. Son corps est inhumé dans l'abbaye de Fontevraud et son cœur est ramené à Rouen. Son fils bien-aimé disparaissait en pleine force de l'âge, à quarante et un ans sans laisser d’héritier. Très vite, Aliénor d’Aquitaine se ressaisit, elle ne se fait guère d’illusions au sujet du nouveau Roi Jean, son autre fils dont elle connaît la médiocrité. Mais c'est décidé, elle l'accompagnera dans sa tâche, et, pour sauver le royaume d’Angleterre et ses possessions sur le continent, elle entreprend une véritable tournée politique dans ses fiefs Francs. Habile, elle fait l’hommage de ses terres au Roi de France Philippe-Auguste : elle sait que son dernier fils aura besoin de sa bienveillance. Mais la mort à nouveau emporte l’un des siens, sa fille Jeanne, ex reine de Sicile, enceinte pour la seconde fois du comte de Toulouse, est au plus mal. Sa santé décline avec l’approche du terme de sa grossesse. La jeune femme agonise dans les bras de sa mère à Rouen. Aliénor lui ferme les yeux cinq mois après avoir recueilli les derniers soupirs de Richard Cœur de Lion. Marguerite, Marie de Champagne et Alix de Blois sont mortes elles-aussi. De ses dix enfants, il ne lui reste plus que Jean sans Terre, et Aliénor, Reine de Castille.

Son dernier voyage à l'âge de 75 ans pour sauver sa lignée

Peu de temps après cette année terriblement éprouvante, il lui faut une nouvelle fois voler au secours de Jean sans Terre. Dans la lutte qui l’oppose au Roi de France Philippe-Auguste, il n’a pas su tirer profit de l’embellie de leurs relations apportée par Aliénor. La Reine mère conçoit le projet, agréé par Philippe-Auguste et Jean sans Terre, de marier l’une de ses petites-filles à l’héritier de Philippe-Auguste, de manière à sceller la paix une bonne fois pour toutes. En Castille, le mariage de la fille qui porte son nom avec Alphonse VIII a été prolifique. Aliénor d’Aquitaine, sans perdre de temps, entreprend le voyage en Espagne, traversant les Pyrénées à la fin de l’année 1200, âgée de plus de 75 ans, pour aller chercher sa petite-fille Blanche de Castille.

Elle séjourne un temps à la Cour avant de remettre l’enfant aux émissaires Français à Bordeaux. Ce mariage n’apportera pas la paix escomptée, mais mêlera le sang d’Aliénor à celui des Rois de France grâce à Blanche de Castille, l’une des plus grandes Reines du Moyen-Age, non moins célèbre que sa grand-mère. Ce voyage est le dernier de la Reine, qui rend l’âme le 31 mars 1204, à Fontevrault, après avoir vécu avec ardeur et passion une existence hors du commun, qui aujourd’hui encore fascine les européens. Cette femme extraordinaire a laissé une trace indélébile dans la mémoire collective des Européens, elle représente pour toutes et tous la beauté, la force, l'intelligence, le courage, la pugnacité ...


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