⚔ Les Ordres Militaires et Religieux : Ordre de Sainte Marie d'Espagne - fondé en 1272 c'est un Ordre naval

l'Ordre de Sainte Marie d'Espagne créé par Alphonse X le sage en 1272, sur le modèle de Calatrava la Vieja ne fit pas long feu. Créé pour lutter en mer contre les Musulmans, cet ordre fut un véritable fiasco.

Chevalerie de guerre contre les infidèles en mer.

L'Ordre de Sainte Marie d'Espagne, est peut-être le moins connu des ordres militaires, on peut dire que sa brève histoire condense tous les espoirs, les idéaux et toutes les frustrations de son fondateur, le roi Sabio. Son nom invoque la Vierge et l'Espagne. Créé le 16 Novembre 1272, comme mentionné, sous le titre de "Dame de l'Espagne" fidèle exposant de la foi mariale Sage Roi et son idée de supracastellana de "Je sors de l'Empire ". L'idée qui a conduit créer ce nouvel ordre militaire était celle de "Fechos de la mer" et d'encourager les idéaux de la chevalerie de guerre contre les infidèles en mer. L'idée est que nous ne pouvons pas découpler le déjà mentionné "Je sors de l'Empire", un projet ambitieux qui répond également à la position hégémonique de Castille dans la péninsule ibérique. Même si nous savons que des années plus tard, selon les circonstances historiques que connaît Castille, il pensera à utiliser la force militaire pour défendre la frontière espagnole à Grenade. L'Ordre de Sainte Marie d'Espagne, mode avéré de l'Ordre de Calatrava, était composée de clercs, chevaliers et autres frères laïcs. 4 monastères principaux, vrai capitaine général des départements maritimes : Cartagene, San Sebastian, La Corogne et Puerto de Santa Maria castillan couvrant l'ensemble du littoral et les forces navales unifié sous la direction d'un amiral, (qui serait l'infant Don Sancho, 2e fils du monarque), tout cela nous donne une preuve supplémentaire de l'importance qu'ils voulaient donner au projet. Mais le sage roi voulait plus, donc il a demandé l'ajout de «Santa Maria d'Espagne» dans l'Ordre cistercien au chapitre général de l'ordre a eu lieu en Janvier 1273 dans lequel il est apparu Maestre Gaufrido de Everle, aumônier roi de Castille, présentant les articles de Sainte-Marie d'Espagne et de plaider en intégrant leurs monastères et couvants à l'ordre cistercien. Ainsi, lorsque le sage roi accorde le château Medina Sidonia à l'Ordre de Santa Maria, il apparait dans les minutes comme ordonnance ETOILE "nous portons le nom ETOILE". D'autres dispositifs furent utilisés par Alfonso pour consolider l'ordre, tels que l'octroi de privilèges et de récompenses pour une meilleure gouvernance, et avantages économiques pour faciliter leur développement.
Ainsi, l'Ordre a acquit plus d'indépendance. La mort de Don Fernando de la Cerda en 1275 et l'auto-proclamation de Don Sancho de Castille comme héritier allait provoquer un changement dans la direction de l'Ordre, (jusque-là détenu par Don Sancho), avec l'ajout que le successeur devenait "Maestre".

Le début de la Reconquista

Ce sont donc des États riches, structurés et détenteurs d’une technologie aussi avancée que celle du califat de Cordoue qui vont mener la Reconquista. L’intolérance religieuse et la violence d’Al-Mansur a laissé des traces : les États espagnols bénéficient du soutien de la population dans les territoires repris (l’instauration de la religion catholique obligatoire n’aura lieu qu’au XVI ème siècle). Mais après l’effondrement du califat omeyyade de Cordoue au XI ème siècle et son émiettement en une multitude de royaumes, les divisions au sein de l’espace musulman deviennent également importantes. De plus, ils ne purent que rarement compter sur un soutien du reste du monde musulman, au contraire des Chrétiens à partir de 1064 qui bénéficiaient de réguliers renforts venus notamment de France. Ces derniers parvinrent de ce fait à rétablir au fil de victoires et de reconquêtes leur domination sur la péninsule.
L’Andalousie musulmane perd son indépendance à la fin du XIe siècle avec la conquête des Almoravides berbères, venus du Maroc, qui donnent un coup d’arrêt à l’avancée chrétienne à Zalaca. C’est aussi la fin d’un âge d’or culturel : les Almoravides, sunnites austères et rigides, favorisent plus les religieux que les poètes ou les philosophes. L’affaiblissement du sultanat almoravide entraîne une seconde vague de l’islam berbère, celle des Almohades de tendance chiite, qui en 1147 dominent le Maroc et al-Andalus, après avoir infligé une défaite aux Castillans lors de la bataille d’Alarcos (voir conquête des Almohades). Mais ce contre-mouvement est annihilé au XIII ème siècle lorsque les royaumes chrétiens s’unissent et, soutenus par une nouvelle croisade, défont les Musulmans à la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212.
La prise de Cordoue et de Séville par les Castillans est complétée par les dernières campagnes de la Reconquista aragonaise (Valence et Baléares) et portugaise (Algarve). Les musulmans ne dominenent plus que dans le royaume abencérage de Grenade. Dans les derniers temps d’al-Andalus, la Castille – unie définitivement au Royaume de León depuis 1230 – a suffisamment de forces militaires pour conquérir le royaume de Grenade, mais ses souverains préfèrent soumettre les taïfas à un tribut (paria). C’était avec le commerce des productions de Grenade le principal mode d’introduction de l’or africain dans l’Europe médiévale. Le Royaume de Grenade, alors sous la forme de l’émirat de Grenade, avait été reconnu comme vassal par la Castille depuis 1246 et ainsi devait lui payer un tribut. Le grand élan de la reconquista espagnole s’appaise après 1250. Seul le royaume de Grenade, dans le sud de l’Espagne, reste aux mains des musulmans. La Castille veut contrôler le détroit de Gibraltar pour empêcher la dynastie mérinide du Maroc de secourir Grenade et déjà l’on envisage des croisades en Afrique du Nord. Alfonso X le Sage crée alors à Carthagène, en 1272, l’Ordre de Sainte-Marie d’Espagne (Órden de Santa Maria), sur le modèle de Calatrava. La vocation militaire de l’ordre est appelée à s’exercer sur les mers, et c’est le premier du genre (avant l’ordre de Malte et l’ordre toscan de San Stefano). La défaite navale d’Algésiras en 1279 bloque net son essor .
L’ordre est supprimé en 1281.

la Reconquista

Histoire de la péninsule hibérique

Les Wisigoths sont apparus pour la première fois dans l'Histoire en tant que peuple distinct en l'an 235, quand ils envahirent et dévastèrent la Dacie. À partir de 268, ils s'attaquent à l'Empire Romain et tentent de s'installer dans la péninsule des Balkans. Cette invasion concerna aussi les provinces romaines de Pannonie et d'Illyrie et menaça même l'Italie. Cependant, les Wisigoths furent battus près des frontières modernes d'Italie et de Slovénie et à la bataille de Naissus, en septembre 269. Au cours des trois années suivantes, ils furent repoussés au-delà du Danube par une série de campagnes militaires menées par l’empereur Claude II le Gothique, le futur empereur Aurélien étant le commandant de la cavalerie. Néanmoins, ils purent se maintenir en Dacie, qu'Aurélien fit évacuer en 271, transférant les colons romains vers une nouvelle province créée au sud du Danube sous le nom de Dacia Ripensis. Ils y restèrent établis jusqu'en 376, lorsqu'un de leurs deux chefs, l'arien Fritigern, fit appel à l'empereur Romain Valens et lui demanda l'autorisation de pouvoir s'installer sur les berges sud du Danube, afin de se protéger des Huns, incapables de traverser en force ce large fleuve. Valens accorda sa permission et aida même les Wisigoths à traverser le Danube. En retour, Fritigern dut fournir des mercenaires pour l'armée Romaine. L'année suivante, une famine éclata sur les terres occupées par les Wisigoths et les gouverneurs Romains de leurs territoires les traitèrent cruellement. Comme Valens ne répondait pas aux appels à l'aide de Fritigern, celui-ci prit les armes. La guerre qui s'ensuivit se termina le 9 août 378 lors de la bataille d'Andrinople où Valens mourut. Fritigern, victorieux, fut reconnu comme roi par son peuple et les Wisigoths devinrent la principale puissance des Balkans. Le successeur de l'empereur Valens, Théodose Ier, conclut la paix avec Fritigern en 379. Le traité fut respecté jusqu'à la mort de Théodose en 395. Cette même année, Alaric Ier, le plus célèbre des rois Wisigoths, monta sur le trône, alors qu'à l'empereur Théodose succédaient ses deux fils : Arcadius en Orient et Honorius en Occident. Au cours des quinze années suivantes, les conflits furent entrecoupés par des années d'une paix précaire entre Alaric et les puissants généraux germaniques qui commandaient les armées Romaines. Après l'assassinat du général d'origine vandale Stilicon (Stillicho) par Honorius en 408 et après le massacre des familles de 30 000 soldats wisigoths servant dans l'armée Romaine, Alaric déclara la guerre. Il fut bientôt aux portes de Rome, et devant le refus d'Honorius de négocier, les Wisigoths pillèrent la ville le 24 août 410. Cet événement frappa considérablement les esprits des contemporains, et est, pour certains, l'événement symbolique marquant la fin de l'Empire Romain.
Les Wisigoths et leur nouveau roi Athaulf, beau-frère d'Alaric, entrent en Gaule, ruinée par les invasions des années 407 à 409. En 416, les Wisigoths et leur roi Wallia continuent leur migration vers la péninsule Ibérique où ils sont envoyés à la solde de Rome pour combattre d'autres Barbares. Lorsque la paix avec les Romains est conclue par le fœdus de 416, Honorius accorde aux Wisigoths des terres dans la province Aquitaine seconde (actuellement Bordelais, Charentes et Poitou). La sédentarisation en Aquitaine a lieu après la mort de Wallia. Les Wisigoths pénétrèrent en Espagne dès 414, comme fédérés de l'Empire Romain. Le royaume des Wisigoths eut d'abord Toulouse comme capitale. Lorsque Clovis les battit à la bataille de Vouillé en 507, ils ne conservèrent que la Septimanie (correspondant au Languedoc) et une partie de la Provence avec l'aide des Ostrogoths. Les Wisigoths installèrent alors leur capitale à Tolède . En 575, ils conquirent le royaume des Suèves (situé dans le nord du Portugal et la Galice). En 711, le royaume Wisigothique fut détruit par les Musulmans, mais l'organisation culturelle et juridique datant de la fusion des cultures romaine et wisigothique perdura discrètement.

Fin du royaume Wisigothique-Hibérique

Donc : en 711 les Musulmans envahissent la péninsule Ibérique, ils viennent d'Afrique du Nord par le détroit de Gibraltar, qui doit précisément son nom actuel à Tariq, général qui commande l’expédition, et que le roi Rodéric (Rodrigo en espagnol), l'un des derniers rois Wisigoths, combat personnellement. Il meurt à la bataille de Guadalete. Tariq est appelé à Damas, capitale du califat, pour informer de sa victoire et ne revient pas. Le gouverneur Abd al-Aziz prend sa place et épouse Egilona, veuve du roi Rodéric, organisant ces territoires sous la forme d’un émirat dépendant du califat. Si l'invasion islamique est rapide, le retour à la stabilité politique et militaire est long. L’Émirat met immédiatement en place une politique de traités avec les nobles wisigoths qui lui permet de contrôler le reste de la péninsule. En 716 les Arabes commencent à diriger leurs forces vers les Pyrénées pour tenter d'entrer dans le royaume des Francs alors qu'Abd al-Aziz est assassiné à Séville générant une crise telle que, durant les quarante années suivantes, vingt gouverneurs se succèdent à la tête de l’Émirat qui fait face à de nombreux soulèvements. L'instabilité se poursuit au-delà de la prise de pouvoir mouvementée d'Abd al-Rahman à la tête de l'Émirat qui laisse néanmoins à son fils un territoire indépendant et relativement stable en 788.

Occupation Musulmane-Hibérique

L'expansion de l'Islam est irrémédiable, cette évolution rapide est favorisée par les faiblesses des Wisigoths : en 711, le roi Rodrigo dirige encore une campagne militaire contre les Basques dans le Nord. De plus, les élites sont divisées par des affrontements liés à la succession au trône de la monarchie qui est élective et non héréditaire. Les partisans de Rodrigo, duc de Bétique, s'opposent à ceux d'Agila II à Tarragone. L'aristocratie terrienne, convertie tardivement au catholicisme, est doublée d’une population libre ou servile, dont les conditions de vie difficiles la rendent mécontente. Beaucoup d'entre eux voient la conquête Musulmane comme une amélioration de leur situation. Enfin, la baisse de l'activité commerciale conduit à une sous-estimation de la population juive, qui participe largement à cette invasion. Les Juifs, maltraités lors des règnes précédents notamment avec leur conversion forcée en 617, offrent un accueil favorable aux musulmans, trouvant également un avantage dans la situation des minorités hébraïques protégées par la juridiction islamique plutôt que wisigothe. Enfin, le royaume wisigoth avait été particulièrement touché par des famines consécutives à des sécheresses et par des épidémies — la peste de justinien — créant un fort déficit de population qui contribue à sa faiblesse et à sa chute.
En 718, un noble Pélage (Pelayo el Conquistador) se révolte mais il échoue dans sa tentative, et il est fait prisonnier et envoyé à Cordoue (califat de Cordoue). Il s’échappe et organise, dans les montagnes des Asturies, une deuxième révolte concrétisée en 722 par la bataille de Covadonga. Cet événement est considéré comme le début de la Reconquête. L'interprétation de la bataille de Covadonga est sujet à controverses : tandis que dans les chroniques chrétiennes, elle apparaît comme « une grande victoire contre les infidèles avec l'aide de Dieu », les chroniqueurs arabes décrivent une confrontation avec un petit groupe de chrétiens, qu’ils vainquirent et se refusèrent à poursuivre après qu’ils furent considérés comme inoffensifs. La vérité se situe certainement à mi chemin entre ces deux versions, il s'agit probablement d'une victoire chrétienne sur un petit contingent d'exploration. Cette bataille de Covadonga, malgré des forces en présence minimes, a un tel retentissement qu’elle polarise autour de Don Pelayo un foyer de résistance aux musulmans. Les chrétiens des Asturies acclament Pélage pour roi, il conduit la lutte contre les Maures de 718 à 737. Dès lors, les Musulmans se retirent pour contrôler la partie la plus méridionale de la péninsule. Ils estiment que la domination d’une région montagneuse aux ressources limitées et aux hivers extrêmement rudes n'est pas intéressante, de plus, contrôler ces territoires marginaux implique plus de coûts que de bénéfices, d'autant plus que les chrétiens dans cette région ne représentent aucune menace. L'urgence est alors la gestion de la contre-offensive de Pépin le Bref au nord des Pyrénées. À partir de 740, sous le règne d'Alphonse Ier (739-757), successeur de Pélage, à la faveur de luttes confuses entre les différents chefs de guerre qui refusent l'autorité du calife de Cordoue et d'un désintérêt des Musulmans pour les terres de Galice et du Douro, les cités d'Astorga et de León sont prises. Alphonse Ier installe la capitale d'une monarchie asturio-léonaise à León et organise des expéditions qui conduisent à la prise des cités de Braga, Porto, Viseu et Chaves. Ce sont des conquêtes sans lendemain car le roi ne dispose pas de forces suffisantes pour les conserver et les administrer. Avant même que toutes ces terres ne soient reconquises, on distingue dans le royaume de León quatre grandes divisions administratives : les Asturies, le León, la Galice et la Castille. Les habitants de ces territoires harceleront Al-Andalus . Le califat de Cordoue organisera des raids de répression. Du temps d’Alphonse II, il y en a un par an sur le territoire asturien. Mais le royaume survit et continue à se développer. Le Douro est franchi en 878 avec des victoires significatives, comme la bataille de Lutos et celle de Polvoraria . Une campagne à Lisbonne, attribuée à Alphonse II, est relatée en 809. Le royaume des Asturies accueille des migrants de culture hispano-gothique fuyant vers ce royaume chrétien du Nord. Le Royaume est cependant très lié durant cette période à l’Empire franc, en particulier après la « découverte » de la tombe présumée de l'apôtre saint Jacques. Cette découverte va réussir à lier l'Europe chrétienne avec le royaume des Asturies contre une occupation islamisée du Sud de la péninsule. Le royaume des Asturies subit plusieurs divisions, la première ayant lieu en 910 à la mort du roi Alphonse III des Asturies. Le Royaume est d’abord partagé entre trois de ses cinq enfants : García, Ordoño et Fruela. Ces territoires incluent, outre les Asturies, le comté de León, celui de Castille, la Galice, les marches de l’Alava et du Portugal alors à la frontière sud de la Galice. García reçoit le León, la Castille et l’Álava fondant le royaume de León. Ordoño reçoit la Galice et le Portugal, et Fruela garde les Asturies.
Le royaume de Pampelune, plus tard appelé royaume de Navarre, a comme origine la famille Banu Qasi qui signe un accord avec les muladies de Tudela. Son premier roi est Inigo Arista. Au début du Xème siècle, la famille Jimena remplace la famille Arista et Sanche Garcés Ier qui en est le premier roi, remporte de grands succès militaires. Pampelune parvient à contrôler sa Navarre originelle, La Rioja, alors appelée royaume de Nájer, qui prendra plus tard le nom de Pays basque. Des unions dynastiques permettent de prendre le contrôle des comtés de Castille, dépendant du León quoique très autonome, et d’Aragon après s’être transformées en dynastie héréditaire avec le comte Aznar Galíndez, Sobrarbe et Ribagorza dans les Pyrénées sous le règne de Sanche III le Grand. À sa mort, il lègue le royaume de Pampelune à García IV de Navarre, à qui doivent être subordonnés les dirigeants des autres parties de son royaume : Fernando, qui reçoit le comté de Castille et Ramiro, qui reçoit le comté d'Aragon, devenant cependant indépendant après l'annexion en 1045 de Sobrarbe et Ribagorza, comtés hérités par son frère cadet, Gonzalo. Le foyer pyrénéen ( royaume de Pampelune, l’ensemble des comtés catalans et ceux d'Aragon, de Sobrarbe et de Ribagorza ), est issu de la résistance Carolingienne dirigée par Charles Martel qui avait permis, en 732, de faire refluer l’invasion musulmane en Aquitaine. La marche d'Espagne est créée par les Carolingiens après que Pépin le Bref puis Charlemagne eurent reconquis la Septimanie, faisant de cette dernière une zone de confinement militaire pour arrêter les incursions Sarrasines. C'est une frontière militaire au sud du Royaume franc qui permet que d’autres Chrétiens se fixent dans la péninsule. Le territoire entre la Navarre orientale et la Méditerranée est alors divisé en comtés. L’Est de la marche d’Espagne est occupé par des comtés catalans et des comtés aragonais, Sobrarbe et Ribagorza formant la zone intermédiaire. Alors que l'intention initiale des Francs était d'amener ces frontières à l'Èbre, la marche se trouve délimitée par les Pyrénées au nord et par le Llobregat au sud lors de la prise de Barcelone par Louis le Pieux le 2 avril 801. Au fil du temps, et après la prise de Barcelone en 985 par Almanzor, le comté prend son indépendance durant les règnes des comtes Guifred le Velu et Aznar Galíndez. Le comté d'Aragon appartient lui aussi aux comtés de la marche d’Espagne franque. Il fusionne en 943 avec celui de Pampelune, suite à l’union dynastique entre Endregoto Galíndez et Garcia II de Navarre. Sanche III le Grand lègue le comté à son fils Ramiro à sa mort en 1035. Ce dernier s'émancipe de la tutelle franque et annexe les comtés de Sobrarbe et Ribagorza. Ramiro Ier établit un royaume de facto comprenant les trois comtés occupant les Pyrénées centrales. En 1076 à la mort de Sanche IV de Navarre, il réussit à annexer la Navarre. Mais après la mort de Alphonse le Batailleur cette union se délite.
Le règne d'Almanzor célèbre pour ses saccages, à la fin du X ème siècle, favorise la reprise de la Reconquista. La prise de Barcelone en 985 accélère l'autonomie des comtés catalans de l'Empire Franc. Le pillage de Saint-Jacques-de-Compostelle en 999 est considéré comme un affront dans toute la Chrétienté. À la mort d'Almanzor, en 1009, dans le royaume ruiné commence une guerre civile qui aboutit à l'effondrement du califat en 1031. Les royaumes chrétiens soutiennent activement les révoltes qui ont lieu dans diverses villes, en particulier à Cordoue, en s'alliant à des clans séparatistes, ce qui leur permet de regagner les places perdues sous le règne d'Almanzor.

Début de la Reconquista

En 1063, le pape Alexandre II octroie une indulgence spéciale à quiconque irait lutter contre les Musulmans en Espagne dans sa bulle "Eos qui in Ispaniam". Les chevaliers de France, aquitains, normands, champenois notamment, viennent en nombre se joindre à leurs pairs d'outre-monts. C'est au cours de luttes confuses qui opposent les chrétiens aux Maures et aux taïfas que la Reconquista gagne du terrain. La dislocation du Califat en Taïfas souvent rivales facilite une lente avancée chrétienne par le Nord de la Meseta, et par la vallée de l'Èbre. Après un dur combat contre les Taïfas de Saragosse, le royaume aragonais atteint l'Èbre, et conquiert sa capitale en 1118. Ces avancées permettent de consolider institutionnellement les royaumes. Durant la dissolution du califat, le jeu des unions dynastiques renforce les royaumes Chrétiens. En 1137, le mariage de Pétronille, fille unique du roi d'Aragon, et de Ramón Berenguer IV, comte de Barcelone, donne naissance à la Couronne d'Aragon, unissant le royaume et les comtés, bien que chaque territoire conserve ses us et coutumes. La Couronne, affirmant son indépendance du royaume de France, avance jusqu'à l'Èbre. Elle finira par reprendre aux Musulmans les territoires qui forment la Catalogne contemporaine. Inversant la situation des siècles précédents, ce sont les royaumes Chrétiens qui imposèrent des tributs aux États musulmans, les parias, les convertissant en protectorats. En Castille et León, l'avancée aboutit notamment à la conquête du royaume de Tolède le 6 mai 1085. À cette date, près de la moitié du territoire Espagnol contemporain est sous souveraineté Chrétienne. Cette victoire provoque des vagues successives de renforts. Ibn Tachfin réunit à Ceuta une armée composée de soldats venus de tout l'empire almoravide, du Sahara, du Maghreb ainsi que des différentes tribus comme les Sanhadja. « mal arabisés, mal islamisés, les berbères n'avaient en réalité jamais accepté la conquête arabe, résistant farouchement à ceux qu'ils tiennent pour des envahisseurs. Après leur défaite et leur conversion, leur amour farouche de l'indépendance ne s'était pas éteint » D'abord appelée en renfort, son armée passe le détroit le 30 juillet 1086. De retour en 1090 il conquiert rapidement le pays sur la trentaine de Taïfas, moins d'une dizaine ont une réelle puissance militaire et une capacité de résistance. Ils s'emploient à détrôner les petits émirs dont les Taïfas disparaissent une à une, leur arrivée est acclamée par la foule qui, fatiguée de l'état de guerre permanent entre taïfas, est furieuse de la fragilité d'Al-Andalus face aux rois Chrétiens. Cette conquête marque la fin d'un âge d'or culturel et la fin de la Convivencia. Les Almoravides, Sahariens austères et rigides, favorisent les religieux aux dépens des poètes et des philosophes. Ils déportent des Chrétiens dans leur territoires d'Afrique du Nord. Le caractère profondément pieux et intransigeant du nouveau maître du pays a pour conséquence une application stricte de la loi islamique dans le pays. Les églises sont détruites et les Juifs condamnés à payer de lourdes taxes. Rapidement les Almoravides sont haïs par la population, tant à cause des hausses d'impôts que du comportement des leurs soldats qui pillaient, saccageaient le pays. La corruption de l'État prend des proportions alarmantes. Mais les Chrétiens ne renoncent pas. Trente-cinq ans après, en 1121, le pays est en proie à la famine et une révolte éclate dans plusieurs villes, elle est écrasée dans le sang, notamment à Cordoue. Cela sonne la fin de la présence almoravide sur la péninsule. Des chefs rebelles font appel aux Almohades d'Afrique du Nord qui venaient de conquérir le Maroc. L'arrivée des Almohades tient autant du renfort que d'une nouvelle conquête supplantant les Almoravides et transformant radicalement la situation politique. En 1147 ils dominent le Maghreb et Al-Andalus après avoir infligé une sévère défaite aux Castillans lors de la bataille d'Alarcos. Pratiquant leur religion avec une rigueur extrême, les Almohades se montrent particulièrement intolérants vis-à-vis des juifs et des Chrétiens mozarabes parlant arabe et arabisés, parfois révoltés, qu'ils expulsent. Pour parachever l’œuvre de décadence, l'irruption des fanatismes sema partout la ruine et la désolation. Almoravides, Almohades, par vagues successives, l'intégrisme berbère attisé par des illuminés déferla sur le pays incendiant et tuant. Accusé de trahir les principes de l'Islam, de s'adonner à la pire débauche, de succomber aux tentations, d'un syncrétisme pernicieux, les princes furent assassinés, leurs bibliothèques incendiées, leurs palais rasés. En 1179, les princes Chrétiens se partagent les terres à conquérir par le traité de Cazola. La Castille profite ainsi d'un accès à la mer Méditerranée par Carthagène, ce qui arrête l'expansion aragonaise au sud. Sur la côte atlantique, la reconquête avance plus rapidement qu'en Estrémadure. Au sud du Douro, les territoires reconquis forment un autre comté, celui de Coïmbra, ville reprise définitivement en 1063 ou 1064. En gagnant la bataille d'Ourique en 1139, puis en reprenant Lisbonne en 1147, Alfonso Henriques devient roi de Portugal, une indépendance de la Castille que lui reconnaît le Pape en 1179. La capitale s'établit à Guimarães. C'est une période d’influence européenne intense, avec l'ouverture de courants culturels continentaux (Cluny, Cîteaux) et l'acceptation de la suprématie religieuse de Rome. Le repeuplement entre le Douro et le Tage s'appuie sur des colons libres et des conseils dotés d'une grande autonomie, les fors, pendant que dans l'Èbre les seigneuries Chrétiennes exploitent une population agricole Musulmane.

L’alliance entre les royaumes Chrétiens permet l’effondrement définitif d’Al-Andalus, avec la victoire majeure de Las Navas de Tolosa 1212 et la conquête rapide de tout le Sud de la péninsule (hors Grenade). Durant la première moitié du XIII ème siècle, entre 1217 et 1249, les chrétiens conquièrent la moitié de la péninsule Ibérique. Cette période est connue sous le nom de Gran Reconquista, d'après l'expression de Derek Lomax. La bataille du détroit où combat le dernier peuple nord-africain de la péninsule, les Benimerines, est particulièrement célèbre. L'Ordre de Sainte Marie d'Espagne, est peut-être le moins connu des ordres militaires, on peut dire que sa brève histoire condense tous les espoirs, les idéaux et toutes les frustrations de son fondateur, le roi Sabio. En 1229, Jacques Ier d'Aragon enlève les Baléares, avec la conquête de Majorque, dont la capitale, Palma, tombe le 31 décembre 1229. La prise des îles fut déterminante pour le contrôle de la Méditerranée, privant les Maures d'une base centrale pour le contrôle du commerce maritime. La prise de Cordoue en 1236 et celle de Séville (siège de Séville) par les Castillans sont complétées par les dernières campagnes de la Reconquista aragonaise à Valence. En 1249, Alphonse III de Portugal entre dans Faro, achevant la Reconquista portugaise. À la fin du XIII ème siècle, les Chrétiens portugais jugeant la situation suffisamment sûre prennent comme capitale Lisbonne. Les musulmans ne dominent plus que dans le royaume abencérage de Grenade qui représente moins d'un dixième de la péninsule. Les Almohades auparavant chassés par les musulmans andalous perdent l'Ifriqiya ainsi que le Maghreb central et sont supplantés en 1269 par une nouvelle dynastie, celle des Mérinides. La survivance du royaume de Grenade s'explique par plusieurs facteurs. Allié à l'Afrique du Nord, montagneux, et bénéficiant d'une grande cohérence de population (non mozarabes), sa conquête aurait été difficile par la Castille sans son allié aragonais. En outre, le royaume de Grenade devient alors un vassal utile du royaume de Castille, servant de refuge aux populations musulmanes du Nord. Entre 1350 et 1460, la frontière est, d'une manière générale, en paix ceci malgré la prise d'Antequera. Le royaume de Castille accepte alors le contrôle de Gibraltar et une vassalité des derniers territoires du royaume de Grenade dans les affaires duquel la Castille intervient souvent.

Supérieurs de l'Ordre en Terre Sainte

Raynaud de Flory (1234-1254) : les Flory tenaient un rang distingué dans le royaume de Jérusalem, mais leurs origines et leurs armes ne sont pas connues. Vers 1200, un Flory de Fouquerol était prieur de France des Hospitaliers de Saint-Jean.
Jean de Meaux (1254-1277) : titré précepteur général de l'ordre. Plusieurs membres de cette famille se croisèrent et l'un d'eux escorta de Terre Sainte à la Sainte Chapelle de Paris la Sainte Couronne d'épines du Christ.
Thomas de Sainville (1277-1312) : titré maître général de l'ordre.

Fin de la Reconquista

La reconquista espagnole marque le pas après 1250 et en profite pour se refaire une santé. Après 1260 La noblesse Espagnole remporte succès après succès lors des confrontations avec les Musulmans. Seul le riche royaume de Grenade, dans le sud de l’Espagne, reste aux mains des musulmans. Alfonso X le Sage crée alors à Carthagène, en 1272, l’Ordre de Sainte-Marie d’Espagne (Órden de Santa Maria), sur le modèle de Calatrava. La vocation militaire de l’ordre est appelée à s’exercer sur les mers, et c’est une première (avant l’ordre de Malte et l’ordre toscan de San Stefano).
La défaite navale d’Algésiras en 1279, bloque net son essor l’ordre est supprimé en 1281.
Sur terre et afin d'empêcher la dynastie mérinide du Maroc de secourir Grenade, La Castille contrôle le détroit de Gibraltar . Grisés par ces succès terrestres certains envisagent des croisades en Afrique du Nord !. La résistance des Musulmans s'avérera beaucoup plus coriace que prévue et il faudra que la noblesse patiente jusqu'en 1492 pour reprendre le dernier bastion musulman (Grenade) et pour que l'Espagne soit libérée complétement de l'occupation Musulmane qui aura duré 8 siècles.


retour en haut de la page  consacrée à l'Ordre sainte Marie d'Espagne